Aujourd'hui, c'est aujourd'hui qu'elle reprend sa vie en main.

Quelques heures, quelques heures devant elle pour se faire belle, comme elle aime. Un bon henné!
Seule, elle commence la mixture, puis la teinture.
Elle s'observe dans son grand miroir ovale.
Belle, elle est belle.
La maturité a épanoui ses formes, elle ne sait plus que sourire à son image.

Elle a les yeux de l'indulgence et du désir.
Elle sait qu'elle va plaire.

Lentement, elle se glisse dans son bain chaud.
Moment de délices, ses membres retrouvent souplesse, élasticité.
Depuis toujours, le bain chaud, parfumé à la mandarine, le bien-être, la détente, la complicité avec son corps.

Elle a prévu à portée de main une tasse de thé fort très sucré. Redoutables ses crises, elle ne veut rien gâcher par imprudence.

Elle ne pense à rien, son regard se pose sur ses jambes, ses longues jambes et ses petits pieds. Etirer, pointes. Elle sourit. Abdos, jambes levées à la verticale, genoux contre poitrine, jambes déployées qui peu à peu rejoignent la surface de l'eau, jusqu'à presque l'effleurer.

Fermer les yeux. Ne pas se laisser glisser, penser au henné, bien!

Savourer le silence, la solitude, ce bien-être qui l'étreint et la porte.

Il va rentrer dans quelques minutes. Lentement, elle se redresse, saisit la grande serviette. Eviter de la passer sur le visage pour ne pas y laisser traces brunes.
Se sêcher vigoureusement mais sans hâte, puis avaler la tasse de thé bienvenue.

Elle va prendre soin de ses longs cheveux roux. D'abord les rincer, puis les laver, puis les nourrir d'huile de palme, et longuement les déméler, les peigner. Enfin les tresser en couronne, comme on le fait en pays mongol.

Une touche de jasmin, à la naissance du cou.

Le voici, elle entend ses pas dans la pièce au-dessous.
Il monte lentement l'escalier et jette un oeil par la fenêtre en direction du bureau où il pense l'apercevoir. Elle rit de sa déconvenue, il la découvre à l'opposé, dans la salle d'eau. Bonne surprise!

Il passe la tête par la porte entrebaillée. "Comme tu es belle!"



Il la prend dans ses bras, la tient serrée contre lui longuement, elle frémit sous ses caresses.
"Comme j'aime ça! la douceur, la tendresse, la volupté!"

Ils s'embrassent, heureux comme des gamins, encore et encore!
Lentement elle lui retire sa chemise, Dieu que c'est bon une poitrine d'homme.
Le plaisir, le désir montent doucement. Ah comme il est doux de demeurer ensemble!