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Bandana Rouge au pays de Silaide (11) S au bûcher


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"Bandana rouge" n'avait jamais rencontré Silaide, son frère et ses amis, elle ne connaissait pas la saveur des crêpes au piment d'Espelette et ne pouvait donc le regretter. personne ne lui parlait jamais de hiboux ou de Dames Blanches, de Grands Ducs ou de moyens petits ducs. Et pourtant, trainait dans sa mémoire cet étrange enchainement de syllabes "gi-pa-è-te-bar-bu", c'était une sorte de ritournelle qu'elle se répéta comme un mantra destiné à favoriser la chance et la réussite.

"Par le GRANDGIPAETEBARBU, je vaincrai!" claironna-t-elle
en dépit de l'avertissement du cycliste réduit à présent à la taille d'un minuscule point noir sur l'asphalte désert et inusité.


Silaide était en réalité assez jolie, en fait, elle était tellement jolie que cela ne se faisait pas chez les sorcières, même bien aimées. Ce handicap monstrueux avait été détourné par l'application providentielle de ce prénom sans réplique: "Si laide", la beauté est en effet laideur pour ce monde impitoyable où le nez crochu, la verrue poilue, les sourires édentés, les sourcils noirs de charbon, en accent circonflexe sont de minimale rigueur.
Hélas la finesse des traits de Silaide, son grain et sa couleur de peau, d'yeux, de cheveux, tout la prédestinait à mourir vieille fille! Aucun Belzeboul ne daignerait l'admettre à son sabbat, ni oserait en faire la maîtresse d'une seule de ses orgies. L'avorton produit au cours de ces bacchanales risquerait d'être le portrait horrifique de sa mère, donc de le déshonorer.

Silaide s'éteignit rapidement sur un bûcher nourri par l'autodafé de sa production pédagogique. C'est fort bien. Elle n'eut pas à souffrir une longue existence sans sexe ni joies, paix à ses cendres!

Je ne sais ce qu'est devenu l'enfant rempli d'intelligence ( Alx) qui avait dit: "Silaide c'est notre amie, elle vient pour aider les enfants à apprendre, elle repart au pays des sorcières. Après elle pourra peut-être aider d'autres enfants ailleurs. Silaide c'était notre amie, c'est l'amie des enfants"

Non elle n'aida plus personne, en ces temps des humains tout semblables aux géniteurs de cet enfant lucide et inspiré l'ont condamnée au bûcher.
Se serait-elle nommée Jeanne, c'eut été bien la même chose.

"Bandana rouge" allait, quant à elle, candidement à l'abattoir. Mais elle n'en avait cure. Contrairement à Silaide elle n'était régie par aucune loi ou destinée d'espèce. Son aspect commun la protégeait naturellement des désirs intempestifs. En terrain neutre, elle n'était nullement en danger.


(à, suivre)

 

KNTHMH 25 Août 2009

fleurdatlas | 3/10/2010
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